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La pensée se distingue de ce qui la précède ou domine son époque. Elle se construit par la critique. Nous prenons longuement la parole ou plume pour exprimer notre désaccord, un désaccord qui est déjà pensée et nous oblige à penser davantage, à articuler notre argumentation. De même, la science avance par des découvertes qui…
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Comment raconter une ville sans devenir son guide, énumérant ses sites d’intérêt touristique, résumant son histoire en quelques dates, réifiant sa culture en spectacle, son art de vivre en exotisme ? J’ai toujours eu de la réticence à parler ici des villes, des pays où j’ai vécu pour cette raison, réticence à l’idée de cette distance…
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Autre contradiction qui traverse notre culture, celle de la raison et de la passion, du rationnel et de l’irrationnel, de la pensée et du sentiment, de l’imaginaire et du réel. Déjà, existe-t-elle ? Les sentiments comme les sens affinent, nuancent, éveillent notre intelligence. L’imagination, par ses prédictions et ses abstractions, nous permet de connaître le réel.…
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On écrit d’avoir lu. De la reconnaissance pour l’écrit naît l’écriture, presque l’obligation d’écrire, pour rendre ce qu’on a reçu. Mais sera-t-on jamais à la hauteur de ses lectures ? Sans doute que non. Au pire, on aidera d’autres à y parvenir. Même les mauvais écrivains apportent à la littérature, ils servent de levain aux bons.…
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Le monologue de l’initié dans Contre la mort n’épuise pas la richesse de l’orphisme. Je l’ai voulu bref pour suivre la trajectoire de comète du récit, la réduction progressive de la parole, de l’incandescence d’Orphée à la dernière poussière, le cri d’Eurydice. Spiritualité mystique, religion à mystères, sagesse intempestive, rédemption par la poésie, lyrisme de…
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Récit de rêve Sur la place, entre un zoo et un parc d’attractions. Une fille vient. Brune. Elle demande où se trouve le zoo. Je lui montre. Elle cherche sa mère qui y travaille. Je le sais sans qu’elle le dise. Mais la mère arrive de l’autre côté, depuis le parc d’attractions, accompagnée d’un cortège…
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En réfléchissant sur la morale, j’en étais revenue à l’opposition entre paganisme et christianisme : éloge de la force conte éloge de la faiblesse. Qu’elle traverse les derniers siècles est établi, mais je pense qu’elle reste vivace aujourd’hui, sous d’autres noms. Chacune a donné le meilleur et le pire ; je ne souhaite tirer aucun bilan. Cette…
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Fraîcheur et fougue, une naïveté vitale. Il est rare de trouver autant d’originalité et de sincérité dans les images. Évidence trouble d’yeux qui pleurent et rient à la fois, tendresse étrange, étranglée pour un monde dont la gloire est de toujours nous dérouter et ne jamais nous déserter. Je suis souvent admirative mais interdite devant…
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Ayant fini L’art de la joie. Sa force, c’est ce qui reste. À la fin, Modesta célèbre sa personne à outrance, rapportant sans cesse les compliments qu’elle reçoit, combien elle est admirée et aimée. Le récit de sa vie devient une défense et une illustration de son caractère. Tendance qui pourrait irriter, mais qui m’amuse…
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L’antilivre, le symbole d’Abrüpt : la littérature au-delà du livre, la parole se dispersant dans les internets. Il ne s’agit pas de lire ou d’écouter, mais de toucher les mots, de retrouver le plaisir plastique de leur manipulation dans l’immatérialité du réseau. Le texte devient un espace graphique où notre projection déambule. Son esthétique rencontre à…