Récit de rêve
Sur la place, entre un zoo et un parc d’attractions. Une fille vient. Brune. Elle demande où se trouve le zoo. Je lui montre. Elle cherche sa mère qui y travaille. Je le sais sans qu’elle le dise. Mais la mère arrive de l’autre côté, depuis le parc d’attractions, accompagnée d’un cortège d’animaux. La même espèce mais de différentes tailles, sans variation d’âge, chaque spécimen pleinement développé, juste de dimensions variées, de la taille d’un kangourou à celle d’un serpent. L’espèce est celle d’une sorte de belette. Lorsqu’elle est grande, redressée sur ses pattes arrière, elle ressemble à un écureuil gigantesque, avec sa queue touffue en arabesque. Lorsqu’elle est petite, elle s’approche du vison, avec son corps-pelage, infiniment doux et souple.
La fille suit la mère et je suis la fille, entourées de toutes ces belettes. Nous nous retrouvons dans une pièce sombre et poussiéreuse du zoo, un ancien laboratoire qui sert à présent de débarras. Parmi les seaux et les serpillères, la fille s’effondre, mordue par un petit spécimen. La mère reste immobile – indifférente ? Ou effondrée elle aussi bien que debout ? Paralysée de l’intérieur ? Je prends des tubes et des bombonnes, les enclenche, les actionne et pompe je ne sais quoi pour oxygéner le sang de la fille. Ma première technique échoue, le deuxième aussi. Je me tourne vers la mère, rageuse et désemparée. Elle reste immobile. Je ne peux rien faire, je ne suis pas douée, moi, avec les outils, les machines, la matérialité. Mais si j’abandonne, personne ne lui viendra en aide. Je m’y remets. Ma dernière chance. Glougloutement d’air et d’eau dans les tubes de la machine comme dans les membres de la fille, je libère enfin l’air dans sa poitrine. Elle revient à la vie.
La même nuit, j’étais assise dans le O d’Orphée. Moi-même ligne noire cherchant mon chemin parmi les lignes noires sur le blanc de la page, je me reposais là, avec ma jambe comme une virgule se balançant dans le vide et je pensais à la virgule inverse, en miroir, au-dessus du O.
Notes de rêves plus anciens
Une amie dans un bar, harcelée par un homme. Je rabats mes cheveux – ce geste de rejeter la tête en avant puis en arrière pour leur donner du volume après les avoir séchés – et ils répandent le feu, incendiant le comptoir.
Je suis un grain de semoule et je frissonne en me gonflant d’eau. J’éternue et me réveille.
Je grimpe dans un arbre. M’arrête une cabane où jouent mes cousins réunis. Je ne peux pas y entrer ni la dépasser pour atteindre la cime. Juliette, ma tante, vient la déboulonner. J’essaye de l’arrêter : « Ils vont tomber. » « Il faut bien que tu montes », réplique-t-elle. Sans la cabane, ils se retrouvent sur des échasses et se laissent glisser dans les blés.
Trieste. Première nuit dans le nouvel appartement. Au réveil, l’immeuble tangue et se détache. C’est un bateau. Nous n’en savions rien. Il descend la rue en pente, jusqu’au port et gagne la haute mer. Et moi qui croyais avoir trouvé un endroit fixe !
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