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Ne publier qu’ici. Écrire partout, sur des feuilles volantes, ou reliées et lignées, sur la brillance des écrans, de poche ou de bureau, mais ne publier qu’ici, ne pas chercher de maisons, d’ateliers, de concours, de revues, je ne le fais déjà plus depuis longtemps. Ouvrir un blog, c’est prendre la haute mer, me disait…
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Juin Violet, marge du regard, frange des ombres, fièvre légère qui monte avec la chaleur, rémanence de la lumière sous les paupières. Bref, à courte longueur d’onde, comprenant peu de gradations, mince comme toute frontière, dernière couleur visible avant l’invisible. Le regard y touche sa disparition. Il cligne et hallucine. On se frotte les yeux.…
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En Italie, parler du temps revient à parler du vent. Habitant le sud-ouest de la Sardaigne, ma belle-mère se plaint du Scirocco ou du Libeccio, les vents étouffants du désert, qui appesantissent la chaleur déjà insoutenable de l’été, tandis qu’elle se réjouit de la fougue et de la fraîcheur du Maestrale, comme les anciens marins…
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Comme le reste du vivant, les plantes apparaissent dans l’océan, sous forme d’algues, caractérisées par leurs cellules simples et leur structure homogène. Encore aujourd’hui, elles restent indispensables pour la respiration et la nutrition des organismes sous-marins. Elles se reproduisent et se répandent par partition et fusion cellulaires, selon un processus déjà marqué par le dimorphisme…
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En Slovénie, aux environs des villages Planina pod Golico et Plavški Rovt, jusqu’au sommet Golica.
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Notre époque érige la compassion en vertu cardinale. Dans toutes les situations, notre devoir consiste à compatir. Cette qualité n’aurait aucun défaut. Cependant, la vertu réside dans la mesure et le vice dans l’excès. Il vaudrait mieux réfléchir avant de s’abandonner corps et âme à la compassion, en renonçant à tout esprit critique. Une compassion…
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Il existe plusieurs types de mélancolie. Je ne me reconnais pas dans celle d’un Cioran, au point que je doute qu’elle en soit une et ne parviens pas à le prendre au sérieux. Il adopte des poses, douloureuses certes, mais cela reste de la pose, vaguement ridicule, surtout quand le sujet est si grave. Avec…
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Alejandra, on se connaît trop pour que je sache te présenter. Tu auras toujours une chambre dans mon cœur, personne d’autre n’a le droit d’y entrer, tu peux y revenir quand tu le souhaites. Tes poèmes recouvrent les murs. Il y a à la fenêtre la nuit et le lilas. Aucun jour ne viendra te…
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Tu es ma mémoire explosée. Mes souvenirs te couvrent comme des débris de verre. Tu brilles de tant d’éclats, qui me blessent à chaque pas. Je reviens dans tes rues comme dans mon passé, un passé qui me dépasse, celui de mes parents, mes grands-parents, remontant par la mère de ma mère jusqu’au XVIIIe siècle,…
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Ne pas utiliser d’adjectifs, disent-ils. C’est une faiblesse d’expression. À la limite un, deux, jamais plus. Ne pas utiliser d’adverbes. Leur laideur met mal à l’aise, avec leur nasale finale. Et puis, qui sait encore déchiffrer ces mots de plus de trois syllabes ?On pourrait remplacer l’adverbe par l’adjectif, mais lui aussi est banni. Plus…