Le plus récent

  • Je n’ai plus de voix. Ou si elle parvient à traverser le champ de mines de l’angine et les attaques de toux, c’est en miettes atones ou stridentes. Je vous écris depuis ce silence embrasé pour me révolter contre un privilège : celui des histoires vraies. J’ai entendu, il y a quelques jours, un écrivain dire…

  • L’enfer des vivants n’est pas à venir ; s’il existe, il est déjà ici, c’est l’enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons en étant ensemble. Deux moyens pour ne pas en souffrir. Le premier vient facilement à beaucoup de gens : accepter l’enfer et s’y fondre jusqu’à ne plus le voir. Le…

  • Valdrada

    Les anciens construisirent Valdrada sur les rives d’un lac avec des maisons toutes en vérandas, les unes au-dessus des autres, et des rues hautes dont les balcons à balustrade donnent sur l’eau. Ainsi le voyageur en arrivant voit deux villes : l’une s’élève au-dessus du lac, l’autre s’y reflète tête en bas. Rien n’existe ou n’arrive…

  • Armilla

      Là où je voudrais vivre (et où peut-être je vis déjà) Si Armilla est ainsi parce qu’inachevée ou démolie, s’il y a à son origine un sortilège ou seulement un caprice, je l’ignore. Le fait est qu’elle n’a ni murs, ni plafonds, ni planchers : elle n’a rien qui la fasse ressembler à une ville,…

  • Isidora

      À l’homme qui chevauche longuement sur les terres sauvages vient le désir d’une ville. Il arrive finalement à Isidora, ville où les immeubles ont des escaliers en colimaçon incrustés de coquillages marins, où l’on fabrique selon les règles de l’art longues-vues et violons, où l’étranger qui hésite entre deux femmes en rencontre toujours une…

  • C’est quelque chose qui bat au vent. Une peau, un drap ? un volet, un loquet ? ou une branche, un poing ? Ça danse et se déglingue, rythme soutenu qui pourtant cloche. Voilà comment j’entends la prose de Pierre Michon, une splendeur en haillons, une magnificence mitée, le visage d’or délicat d’une jeune fille fuyant son père…

  • L’épaisseur

    Il y a une épaisseur du langage qui ne tient pas à la longueur de la phrase ou à la grosseur du livre. Elle tient aux mots, à leur pâte, levée à la graine des choses. Des mots riches qui charrient l’indistinct crevé d’éclats, des mots feuilletés qui s’effeuillent avec une bonne odeur de beurre,…

  • La simplicité

    J’aime la simplicité parce que je suis compliquée. Je ne peux penser sans arrière-pensées, dire sans contredire, voir sans revoir, désirer sans détruire… Distraite et incertaine, la simplicité me concentre et m’éclaircit. Je ne recule pas devant l’effort jouissif de la pensée qui se gravit et se surmonte. Mais c’est l’évidence qui m’enchante. Comme elle…

  • Le temps volé

    Le temps volé, le seul qui ne soit pas du temps perdu. Dérobé au temps compté. Tes mains laborieuses et volontaires, qui œuvraient pour faire sens et pallier nécessité, un jour abandonnèrent. Tu volas du temps, pour la première fois. Ce temps d’or pénétra ton temps de plomb, le fissura, le pulvérisa… C’était ta vie…

  • En titre, un vers d’Ilarie Voronca.

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