À l’homme qui chevauche longuement sur les terres sauvages vient le désir d’une ville. Il arrive finalement à Isidora, ville où les immeubles ont des escaliers en colimaçon incrustés de coquillages marins, où l’on fabrique selon les règles de l’art longues-vues et violons, où l’étranger qui hésite entre deux femmes en rencontre toujours une troisième, où les combats de coqs dégénèrent en rixes sanglantes entre les parieurs. À tout cela il pensait quand il désirait une ville. Isidora est donc la ville de ses rêves : avec une différence. La ville rêvée l’entourait jeune ; à Isidora il arrive à un âge avancé. Sur la place il y a le muret des vieux qui regardent passer la jeunesse ; lui est assis parmi eux, à la file. Les désirs sont déjà des souvenirs.
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All’uomo che cavalcava lungamente per terreni selvatici viene desiderio d’una città. Finalmente giunge a Isidora, città dove i palazzi hanno scale a chiocciola incrostate di chiocciole marine, dove si fabbricano a regola d’arte cannocchiali e violini, dove quando il forestiero è incerto tra due donne ne incontra sempre una terza, dove le lotte dei galli degenerano in risse sanguinose tra gli scommettitori. A tutte queste cose egli pensava quando desiderava una città. Isidora è dunque la città dei suoi sogni: con una differenza. La città sognata conteneva lui giovane; a Isidora arriva in tarda età. Nella piazza c’è il muretto dei vecchi che guardano passare la gioventù; lui è seduto in fila con loro. I desideri sono già ricordi.
Les Villes Invisibles, Italo Calvino
En réponse à un article de Frog : Un livre de retour – Isidora
Oh… (grande inspiration). Merci… « La ville rêvée l’entourait jeune ». J’aime ta traduction, et merci d’avoir écrit le texte en italien.
Et ta voix, comme elle est belle !
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Merci 😊 Tu as tout de suite remarqué le passage le plus délicat : « La città sognata conteneva lui giovane », cette impression d’encerclement-appartenance, que c’est lui et un autre, une version de lui, jeune comme on est jeune dans les rêves.
J’ai un accent mi-sarde mi-francais malheureusement, mais pas possible de convaincre l’aimé de le lire pour moi. 😉
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A reblogué ceci sur A FROG'S BLOGet a ajouté:
Voici, venant du blog Nervures et Entailles, une lecture par Joséphine Lanesem du texte d’Italo Calvino mentionné dans mon billet précédent, avec sa traduction. Je ne sais ce qui me saisit davantage, de la musicalité de la voix ou de la fidélité de la traduction. Merci à Joséphine !
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Merci à toi ! Tu m’as fait de nouveau pénétrer dans ce palais de miroirs et d’eaux de Calvino. Ma ville préférée est celle avec les baignoires et les tuyaux, les fées des eaux… Je ne sais pas si tu t’en rappelles…
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Oui oui, j’ai les images en tête, mais je ne sais plus laquelle c’est, va falloir chercher… 🙂
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Oui pour demain !
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Je m’y colle ce soir ! 🙂
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C’est Armilla. Je n’ai pas résisté à la curiosité.
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Ca ne m’étonne pas. 😉
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Oh ! Quel voyage !
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Oui un livre magnifique !
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J’écoute encore, c’est beau ! J’ai l’impression d’avoir reçu un cadeau. 🙂
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J’en suis heureuse… J’ajouterai bientôt Armilla !
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Au fait, j’ai commandé ton livre ! 🙂
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Oh merci ! Je suis curieuse de tes impressions. Et s’il ne te plaît pas, restons tout de même amies virtuelles. 🙂
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Je serais bien étonnée qu’il ne me plaise pas ! Mais oui, bien sûr, avec plaisir ! 🙂
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