Le plus récent

  • À l’amitié

    C’était il y a sept ans, l’hiver dans un pays d’été. Nous étions parties les jours d’après Noël. Les senteurs sèches et sereines des sentiers tapissaient notre silence, où perçait parfois le bruit brisé, entre l’éclos et l’écho, des coquilles et des brindilles. Nous marchions vite, trop vite. Nous cherchions la pensée qui n’était pas…

  • L’adolescence

    À Quyên

  • Diagnostic

    La mélancolie sonne magnifiquement. C’est un cours d’eau abrité de saules pleureurs, charriant des fleurs effeuillées et des filles déflorées, des pétales et des visages en deuil. La violence est une violette, la mort un bleuet, la folie un bouton d’or. Les fées approchent, fascinées. Leurs ailes bruissent. Le désespoir assèche ses syllabes. C’est une…

  • Se dépenser

    Marcher. Entrer dans la lumière qui givre les joues et craque autour des pas. Ouvrir les murs à la recherche d’un arbre, de son bruissement sentimental. Laisser défiler les représentations, les réelles et les imaginées. Se tromper sur les visages et sur son nom. S’arrêter à la flaque d’une idée. Collectionner les éclats de ciel…

  • Lointaine

      Comme elle lui plaisait cette ville rose. C’était qu’elle avait grandi dans une ville bleue alors une ville rose … Comme elle lui manquait tout de même sa ville bleue – avec ses toits d’or. Le seul lieu qui lui soit intérieur et soit même son intériorité. Pour se décrire, elle l’aurait décrite. Son…

  • L’île aux flocons

    On a équarri notre lit en radeau pour fuir la rage triste des nuits. Tu as taillé une voile franche dans l’enfance et j’ai noué les cordes rêches et trempées de nos rêves. Le bois grinçait, le froid suintait. On a formé des vœux de marins sans espoir. Tu as promis de ne jamais construire…

  • Leibniz, compagnon de route de mon père, de dos, s’éloignant, sa voix me frôle en passant et manque à m’atteindre. De l’autre côté, Goethe, de face, s’approchant, un frère avec aux yeux le même bleu jaune troué de noir, le même émerveillement où perce et se répand la mélancolie. On s’est promenés une année entière…

  • Des lecteurs voyants

    Il y a de bons et de mauvais lecteurs. L’on est sûrement tous l’un et l’autre, selon le livre, l’âge et le lieu. Et puis il y a des lecteurs voyants, comme poètes de leur lecture, dépliant le monde reposant entre les pages, le recomposant dans ses moindres recoins pour s’aventurer sur ses sentiers risqués, dans…

  • Se fixer des horaires ou des jours, écrire tant de minutes ou tant de caractères, lire manuels et essais pour construire un personnage, développer une intrigue, affiner les dialogues ou les arguments, connaître les techniques des autres auteurs, ouvrir leurs lettres et leurs carnets, dévorer leur autobiographie… Ces pratiques répandues me laissent assez perplexe. Il…

  • Ombre perdue

    Le printemps ressemble à l’automne. Ciel blanc. Des jours que je ne vois mon ombre. Peut-être est-elle partie clandestine d’un nuage, partie vers sa patrie, le Sud, pour y vivre sa vie d’ombre, silencieuse et fantasque… Je l’imagine dansant sur un mur rose et coupée par son angle.