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Se décoloniser
Mes derniers articles pourraient laisser croire à une position anti-américaine de ma part, ce qui n’est pas le cas et je voudrais éclaircir ce point. Nous oublions que nous sommes sous domination américaine. La guerre froide a beau être finie, nous n’avons pas quitté sa sphère d’influence, qui est plus qu’une sphère d’influence. Le soft…
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Pourquoi je n’utilise pas l’écriture inclusive
Bien que femme et féministe. Déjà, parce que je n’écris pas par abréviations. C’est la moindre des politesses envers mon lecteur. Si je veux dire une chose, je l’écris en toutes lettres, comme elle sera lue – à voix muette ou haute. Cette coïncidence entre la trace et la voix fait le charme de la lecture.…
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Homme, tu seras femme
Je vais encore partir de Jung. Je pense dans la marge des livres. Je n’ai pas mieux ou plus à dire que les philosophes (au sens large) qui m’accompagnent, je mets seulement leurs pensées à l’épreuve de la vie. Moins créatrice que médiatrice d’idées. Idées médiées et donc filtrées, appropriées, trop mêlées à ma vie…
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Le risque d’un désastre
Il y a cette idée selon laquelle notre culture se distinguerait, surtout à partir des temps modernes, mais déjà dans l’antiquité grecque, par la raison, la pensée claire et distincte d’un Descartes, l’interrogation logique d’un Socrate. Comme si les autres cultures, passées ou présentes, qui ignorent la modernité, étaient dépourvues de cette capacité et que…
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L’esprit de sérieux
L’un des plus grands dangers, en écrivant, c’est l’esprit de sérieux, qui n’est pas la gravité vraie. Celle-ci porte à la gaîté, comme toucher les profondeurs ramène à la surface. L’esprit de sérieux part sans doute d’un bon sentiment, d’une volonté de bien faire, mais il a quelque chose de borné, d’obtus, de convaincu de…
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Que nous enseigne la nuit ?
L’antilivre, le symbole d’Abrüpt : la littérature au-delà du livre, la parole se dispersant dans les internets. Il ne s’agit pas de lire ou d’écouter, mais de toucher les mots, de retrouver le plaisir plastique de leur manipulation dans l’immatérialité du réseau. Le texte devient un espace graphique où notre projection déambule. Son esthétique rencontre à…
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Le prestige de l’originalité
Je parlais hier de l’originalité en art, si prisée qu’elle est devenue sa finalité, plus que la beauté, le sens, le sacré ou l’utilité. L’histoire de l’art (qui ne se cantonne pas à l’université et décide de la plupart des expositions que nous visitons) encourage sans doute cette tendance par son récit d’une succession de…
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En cours d’écriture
Sans doute devrais-je écrire sur ce que j’écris. L’an dernier, un roman d’initiation, situé dans les Cyclades, à l’époque néolithique, qui tient de la fable philosophique ou du récit poétique davantage que du roman classique. Avec le recul, je ne sais pas plus qu’en penser, mais la joie de l’écrire vaut largement le temps que…
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Défaillance
Librairies et bibliothèques fermées, c’est l’occasion de découvrir les éditions Abrüpt dont tous les livres sont entièrement disponibles en ligne sous forme d’antilivres, et particulièrement l’insurrectionnelle Dio, une réécriture des Bacchantes d’Euripide, décharge électrique qui réveille nos cerveaux de l’hallucination d’être libres. Dionysos, divinité du délire, de l’épidémie et du désir, prend ici les traits…
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Quand l’art perd ses artifices
Dans le langage, la beauté est intrinsèquement liée à la vérité, me disait Quyên. Remarque qui pourrait servir de boussole en écriture : il ne s’agit pas de faire joli, dans le souci de plaire, mais de nommer, pour enserrer le réel. J’en trouve l’illustration dans le recueil Du mouvement et de l’immobilité de Douve…