Le plus récent

  • Éclats

    Ce matin, nous avons l’attente en commun. L’une, ses cheveux bleu électrique relevés en un chignon lâche autour de son visage gris perle, leggings imprimé d’ovnis et pull brodé de comètes comme si le papier peint de sa chambre d’enfant avait déteint sur sa peau, me sourit longuement. On vient de la même planète et,…

  • Consigne pour l’agenda ironique de juillet, initié par Carnets Paresseux. Perdre ses clefs, ses repères, ses cheveux, son âme, quelqu’un, un souvenir, une opportunité ; perdre son temps, une habitude, le repos, des kilos, ses feuilles, sa saveur, son parfum, sa raison, sa vanité. La perte est le sujet de ce mois. Elle se dira en…

  • L’immortalité

    Ma tante et marraine Agnès – troisième de mes prénoms qui anagrammé appelle les anges – mange du chocolat, une poule au chocolat, dans une cocotte en chocolat, jusqu’au vaisselier où elle va chercher un verre qui est en chocolat. Chaque objet a chez elle une part en chocolat et tout ce qu’elle cuisine, plats…

  • Promenade à Cassel

    La Documenta s’ouvre à Cassel avec un Parthénon de livres et une cheminée à nuages. Le premier est l’œuvre de Marta Minujín et se compose de 100 000 livres interdits aujourd’hui ou autrefois, donnés par les citoyens. Maintenus par du film plastique, ils érigent un monument mi réfléchissant mi transparent à la démocratie, en référence…

  • Un livre présage, l’écho d’une révélation à venir, encore confidentiel, un oiseau qu’on se passe sous le manteau. Il lui manque un éditeur. Pour vous le procurer, vous pouvez vous adresser à son auteur : Quyên Lavan. Vous devrez passer quelques épreuves dont je ne peux vous révéler la teneur. Elle tentera, entre autres, de vous…

  • Le cimetière de Dorotheenstadt à Berlin, dans le quartier de Mitte, accueille la sépulture de grands hommes. Ce matin, un vent glacial agite les branches incandescentes du soleil. La douceur naît de la rencontre de ces extrêmes, et l’impression de connaître enfin le vent en soi, circonscrit de soleil, et le soleil en soi, souligné…

  • L’homme-joie

    Christian Bobin est la joie, et la sagesse qui naît de la joie. Moraliste sans morale, mystique ensauvagé, d’un amour plein d’humour et d’une bienveillance clairvoyante. Chacune de ses phrases me met en fête et en déroute, poème condensé prononcé aussi modestement qu’un commentaire sur le beau temps. À le lire je renonce à écrire et…

  • Dans le métro Maxime lit un livre sur la douleur. Les lépreux ne la sentent plus, les mains estropiées par négligence, les pieds grignotés par les rats. Hurlement du silence au milieu du brouhaha, tandis que les pages brûlent ses paumes à la peau en lambeaux, rongée par l’eczéma. Dans son cabinet, Solange écoute les…

  • Dimanche

  • Je

    Je suis le seul de tes objets à te regarder, à te renvoyer ton regard, même si pour ce j’emprunte tes yeux. Plaque de verre doublée d’argent puis de plomb, protégée d’un cadre en pin suspendu au mur par une corde allant de mes fines attaches à un clou, je mesure 40 cm sur 120…