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Croire
Nous sommes tous croyants, non pas religieux, mais croyants : nous croyons implicitement à un sens de la vie par le simple fait de la vivre, nous donnons une finalité à nos actions, nous jugeons qu’il vaut mieux agir de telle ou telle manière et condamnons ou louons en conséquence, nous attribuons une valeur aux personnes…
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Anima
On m’a demandé ce que j’entendais par âme. Que tout être aussi fini soit-il porte un infini de signification. Voilà l’âme. Je ne vois pas sur quoi d’autre fonder l’amour, la morale et l’espérance. Tous ceux qui aiment, respectent, espèrent croient en elle. Ça fait beaucoup de croyants qui s’ignorent. Ce n’est pas une question…
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À l’origine de la philosophie
Il y a Thalès et l’Ionie, le doute et l’étonnement, le souci de l’observation, de la mesure et du calcul, un art tout de clarté et de distinction, précurseur de la science. Et il y a Dionysos, Orphée et Pythagore, les héritages mêlés de Crète, d’Égypte et de Thrace fleurissant au sud de l’Italie dans…
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La maladie imaginaire de la philosophie et de la littérature
Immanence et transcendance s’entretissent comme s’entrecroisent verticalité et horizontalité. L’horizontalité du vécu et la verticalité des valeurs. L’horizontalité des choses et la verticalité des idées. L’horizontalité d’une nature dans sa variation et la verticalité des lois qui la régissent. Etc. Cette croissance partagée, encouragée de l’horizon et du vertige ne se ressent jamais mieux qu’en…
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Où l’on s’enracine à en crever le ciel
Autre contradiction qui caractérise notre culture, celle entre ici-bas et au-delà, entre immanence et transcendance. L’ici-bas, c’est la concrétude des choses, l’épaisseur, le grain, le toucher, la saveur, toi et moi, un baiser, la terre et sa pesanteur, le temps aussi fugace qu’irréversible, l’aspérité de ressentir, l’endurance de vivre. L’au-delà, au contraire, ne tombe pas…
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Défense de la langue littéraire
Il y a cette idée que moins un style est littéraire et plus il est proche du réel. Par littéraire, on entend ici une richesse du langage considérée, ou plutôt déconsidérée, comme superfétatoire, précieuse, affectée, fleurie, sentimentale, désuète, empesée, bourgeoise, que sais-je encore. L’épaisseur de l’écriture masquerait le réel tandis que sa minceur le laisserait…
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Être un poisson
Dans La vie des plantes, Emanuele Coccia décrypte notre monde à partir des plantes qui le font advenir, le rendent possible. C’est un très beau livre, que j’ai critiqué hier parce qu’il n’achève pas son geste révolutionnaire : il inaugure une métaphysique du mélange mais continue de s’exprimer par distinctions et hiérarchisations. Cependant Emanuele Coccia…