Ou comment on choisit de ne pas lire un livre

Je tombe par hasard sur l’ouvrage de Ghassan Hage intitulé Le Loup et le Musulman. L’islamophobie et le désastre écologique. Aussitôt je flaire une bonne affaire, une œuvre digne des meilleurs, du type Judith Butler, une de ces élaborations dans le pur non-sens que savent nous offrir les études anglo-saxonnes, un sommet de sottise que seul notre siècle semble avoir atteint à l’aide de son arrogance et son ignorance inégalées. Et je n’ai pas été déçue, vous ne le serez pas non plus. Notre temps peut se vanter d’une nouveauté : avoir inventé une variante raciste à l’antiracisme.
Commençons par la présentation, en 4e de couverture.
Dans un monde régi par la domestication, le loup et le musulman apparaissent comme deux grandes figures fantasmatiques menaçant la “civilisation”. Ils ne respectent pas les frontières nationales, qui garantissent le maintien de l’ordre colonial.
Pour Hage, le crime écologique et le crime racial reposent sur la même volonté de “gouverner l’ingouvernable”. Parce qu’on ne gouverne ni les âmes, ni le climat, islamophobie et géoingénierie sont deux avatars de la même illusion domesticatrice – aux conséquences également funestes.
Dans l’imaginaire collectif occidental, les figures du loup et du musulman, ou plus généralement de l’Arabe ou du migrant, ont en commun de représenter une menace pour l’ordre établi : ils sont vus comme des éléments ingouvernables.
On a envie de rire, je pense qu’il le faut. C’est la seule défense qu’il nous reste.
Par où commencer ? Je vais parler depuis mon imaginaire d’Occidentale que ce monsieur, libanais et australien, ayant un peu vécu à Paris, semble si bien connaître. L’islam ne m’évoque pas forcément l’Arabe ou le migrant. En Inde vivent 200 millions de musulmans (14 % de la population), en Indonésie 270 millions (88 % de la population), alors qu’au Maroc 36 millions. D’autre part, ces figures allégoriques (le musulman, l’Arabe, le migrant, l’Occidental) ne me traversent jamais l’esprit. Je fréquente des gens de chair et de sang, pas des entités abstraites ou métaphoriques. Enfin et surtout, je n’ai jamais considéré que les musulmans étaient des sauvages. Ce serait le comble du racisme.
Un racisme qui ne fait pas peur à Hage. Loups, musulmans, migrants, Occidentaux, entités qu’il fantasme complètement et dont il se plaît à inventer les fantasmes, mais nous n’entendons que ses fantasmes à lui, qui ne sont pas bien jolis.
S’appropriant le stéréotype raciste de l’étranger assimilé à l’animal pour l’inverser de manière positive, il fait du musulman nord-africain un bon sauvage, un sauvage qui manque à notre civilisation policée, dont elle a besoin pour s’émanciper de ses carcans. Rappelons-lui, puisqu’il le faut, que les musulmans sont aussi « domestiqués » ou « gouvernés » (pour reprendre ses termes nauséabonds) que nous, c’est-à-dire aussi civilisés que nous. Au cours de son histoire, l’islam a connu diverses manifestations, certaines d’un raffinement extrême. J’avoue ne pas connaître assez cette histoire pour la retracer. Cependant, les musulmans ne se caractérisent pas par une absence ou un degré moindre de civilisation, mais par une différence de civilisation.
Ce racisme envers les musulmans se complète d’un racisme envers les Occidentaux qui seraient trop ordonnés, dans le double sens de craintifs et routiniers et d’oppresseurs et contrôleurs. Les voilà qui ont peur du loup et de l’étranger comme des enfants de deux ans. Et ils sont tous racistes, c’est « collectif ». Pas une minorité d’entre eux ou les partis les plus extrémistes : tous, vous dit-on. Et moi qui croyais que le racisme consistait à avoir des préjugés réducteurs et dépréciatifs sur les peuples.
Je vais rappeler à Hage la définition du racisme : « Ensemble de théories et de croyances qui établissent une hiérarchie entre les races, entre les ethnies. (…) Par analogie, attitude d’hostilité de principe et de rejet envers une catégorie de personnes. » (Cnrtl)
En bon postmoderne, Hage mêle supériorité morale et opportunisme intellectuel. Il associe termes et thèmes à la mode, en pensant pratiquer l’interdisciplinarité, mais il serait plutôt maître en absurdité. On le voit donc croiser sans critères antiracisme et écologie comme d’autres mélangent féminisme et écologie, sans comprendre ni l’un ni l’autre.
Ainsi Sandrine Rousseau résume l’histoire de l’humanité à l’exploitation de la nature et par contiguïté des femmes et des racisés qui auraient été traités comme des êtres plus proches de l’état de nature. Comme si aucun homme blanc n’avait été exploité et réduit à l’état de bête de somme. Je lui propose d’aller regarder les photos des gueules cassées de la Première Guerre mondiale. Patriarcat et colonialisme ne signifient pas que tous les hommes européens n’ont coulé que des jours heureux, ni même qu’ils ont le monopole du mal sur terre. Un écoféminisme intelligent réfléchirait au nouveau statut de la femme dans une société moins dépendante de la technologie, notamment celle associée à la reproduction, afin que le retour à un mode de vie plus traditionnel et respectueux de la nature n’équivaille pas à un retour au foyer l’excluant des autres sphères de la société.
Bref.
Hage multiplie les confusions. D’après lui, l’ordre colonial consiste à respecter les frontières. C’est le contraire : l’ordre colonial consiste à transgresser les frontières. Il semble affirmer qu’améliorer l’état du climat et de l’environnement par notre intervention participe d’une forme de contrôle néocolonialiste sur le vivant. Mais nous sommes une partie du vivant, non négligeable par son impact sur l’ensemble du vivant. Notre intervention aura lieu de toute manière, par interaction naturelle et il vaut mieux y réfléchir et la réguler (la contrôler, comme il dit), pour ne pas répéter nos erreurs.
Mais le plus grave est ailleurs : toute sa théorie repose sur une opposition entre une civilisation réduite à la domestication et une liberté assimilée à la sauvagerie. C’est mot pour mot la rhétorique du fascisme, en particulier du nazisme. Les fascistes souhaitaient ressourcer une civilisation trop rationnelle, intellectuelle, dégénérée par son avancée même, en la replongeant dans l’animalité et la barbarie, en célébrant l’irrationalité et la brutalité. Ce fascisme de gauche est courant aujourd’hui : à force de se définir par l’antifascisme, certains n’ont plus fait attention au fascisme qui les habite. Un psychanalyste aurait beaucoup à dire sur ce retour du refoulé. Par ailleurs, il est vrai que notre civilisation souffre d’un excès de rationalisation et d’intellectualité (qui ne sont pas synonymes de raison et d’intelligence), mais le fascisme n’est pas une solution à cet excès, il en est le défoulement final.
En vérité, je ne crois pas que Hage soit fasciste, ni même raciste, je crois plus simplement qu’il est très ignorant et pas très intelligent, ce qui pose problème, tout de même, quand on se prétend professeur. Aujourd’hui, beaucoup de penseurs se distinguent par leur paresse : plutôt que d’élaborer une théorie capable de rendre de la complexité des rapports humains, au niveau individuel et sociétal, ils avancent des interprétations simplistes qui leur permettent de réfléchir le moins possible et de raconter leur ressenti plutôt que de mener des recherches rigoureuses.
Vient ensuite la table des matières.
Introduction
1. L’islamophobie et le devenir-loup de l’autre musulman
2. L’islamophobie et la dynamique de surexploitation écologique et coloniale
3. Les structures élémentaires de la domestication généralisé
Conclusion. Négocier avec le loup
Postface de Baptiste Morizot
Incapacité manifeste à conceptualiser. La répétition du « et » témoigne d’un lien logique qui ne peut s’opérer et se contente de l’association gratuite. On n’a toujours pas compris pourquoi la crise écologique et le racisme sont liés ni comment il cerne et décrit l’islamophobie. Et j’espérais davantage de Baptiste Morizot, que je comptais lire bientôt, un autre auteur dont je me passerai volontiers.
Puis l’extrait :
Le multiculturalisme et l’assimilation sont les deux grandes politiques par lesquelles l’Occident régit aujourd’hui l’intégration sociale de l’autre culturel en son sein. La figure du musulman se démarque car ces politiques ne semblent pas fonctionner avec lui. Dans de nombreuses régions du monde, le multiculturalisme est vu comme l’alternative à l’assimilation monoculturelle. Dans une certaine mesure, c’est effectivement le cas. Mais cela masque aussi le fait que, pour pouvoir atteindre son objectif, la gouvernance multiculturelle dépend de la tendance à l’assimilation existant au cœur même de la société. La littérature gouvernementale occidentale sur le multiculturalisme loue la diversité, mais s’assure, avec un “mais” ou un “tant que”, que personne n’oublie que la diversité ne doit pas nuire à la cohésion nationale, aux valeurs fondamentales, etc. Ainsi, l’assimilation reste la technique disciplinaire déployée pour s’assurer que les différentes cultures intégrées dans le giron multiculturel valent la peine d’être “intégrées et de participer au multiculturalisme”. (…) Je précise en direction de ceux qui aiment la polémique que je ne juge pas cette politique mauvaise pour autant. Il est possible que cette association de multiculturalisme et d’assimilation soit la politique la plus adaptée qu’un gouvernement puisse choisir. Il n’en reste pas moins, si l’on pousse l’analyse, que l’efficacité gouvernementale de ce dispositif combiné multiculturel-assimilateur repose sur la nécessité de favoriser une dichotomie idéologique entre ces deux éléments. Ce qui a marqué la relation entre ce dispositif et l’autre musulman, c’est que dans de nombreux cas aucun des deux volets n’a fonctionné.
Le premier élément qui a amené à considérer les “musulmans” comme extérieurs au domaine multiculturel, c’est l’existence parmi eux d’un nombre conséquent et croissant de personnes pieuses. Être pieux ne signifie pas seulement aller fréquemment à la mosquée ou avoir des croyances religieuses fortement ancrées. Avant tout, cela signifie considérer que tous les aspects de sa vie quotidienne sont régis par les lois divines. C’est cette forme de religiosité, particulièrement parce qu’elle n’est pas chrétienne, qui constitue une négation sérieuse de la logique du multiculturalisme. Le multiculturalisme peut être défini comme la capacité à laisser une place à des éléments mineurs de “la loi de l’autre” au sein de la loi nationale dominante – ici, je n’entends pas forcément “loi” dans un sens formel, bien que cela se pourrait, mais plutôt dans une conception anthropologique de la loi comme étant “la manière de faire les choses”. Cela constitue ce qu’on peut appeler une relation d’inclusion. La loi dominante ouvre un espace au sein duquel la loi de l’autre peut être intégrée dans la loi nationale. Ce qui est intégré peut varier en termes de contenu et d’ampleur, mais ce qui ne peut pas changer, c’est que la culture nationale dominante doit être la culture intégrante.
Comme c’est laborieux. De toute évidence, l’auteur a beaucoup de mal à penser et à formuler sa pensée. S’il était en train de partager son opinion au comptoir d’un café, j’aurais bien plus d’indulgence envers ses élucubrations, mais tout ceci nous est présenté comme une œuvre d’avant-garde dans la lutte contre les discriminations et les inégalités. Le manque de clarté est aussi ici un manque de courage : il évite de prendre position ou proposer une solution afin de se protéger de la critique. C’est raté.
Nombre d’absurdités. Les musulmans ne sont pas les seuls à être pieux, ils ne font nullement exception de ce point de vue, et sa définition de la piété est d’une simplicité confondante (évidemment que la foi ne se réduit pas à aller à l’église ou adhérer au dogme !). Je ne crois pas qu’il y ait une incapacité à l’intégration propre aux musulmans (beaucoup de musulmans sont parfaitement intégrés), mais un conflit de valeurs entre civilisations (par exemple concernant l’égalité entre hommes et femmes et le statut des femmes) et une historicité des religions qui connaissent des époques de ténèbres ou de lumière. Par ailleurs, les pays à majorité musulmane ne traitent pas avec une particulière aménité les minorités religieuses. Tout au contraire. Que la critique commence par l’autocritique.
Je conseille à notre « anthropologue » de s’informer sur l’origine des sociétés (voir Godelier). Ce qui fonde une société, c’est un ensemble de valeurs, c’est une loi commune. Par exemple, en Occident, la valeur de la personne est primordiale, tous les individus sont égaux en droit et, dans l’idéal, le statut est attribué au mérite et non hérité. Tout ceci n’est pas une évidence. Pensons aux sociétés à castes, aux privilèges hérités, au clan ou à la famille primant sur la personne. Quelle que soit notre culture ou notre religion, si nous adhérons à ses principes fondateurs, nous sommes intégrés à une société (et comme lui, je préfère le terme d’intégration à celui d’assimilation, encore faudrait-il les définir pour savoir de quoi l’on parle précisément).
D’autre part, je ne vois pas pourquoi un pays ne devrait pas chercher à préserver sa culture et la transmettre aux générations futures. C’est son plus grand trésor, où qu’il se trouve sur la planète (voir Simone Weil). Et transmettre sa culture ne signifie pas censurer celle des autres, parce que, surprise, on peut avoir plus d’une culture. L’histoire de l’humanité en témoigne dans son hybridation des arts, des langues, des pratiques, en particulier l’Europe, par sa position de carrefour et qui en a tiré son inventivité.
Bien sûr, la culture du pays d’accueil l’emporte dans bien des cas sur la culture du pays d’origine : je ne vais pas imposer aux Italiens ma manière française de voir et de faire, je m’adapte à la leur, ce n’est pas de la discrimination à mon égard et je ne me sens pas niée dans mon identité que je ne renie pas par ailleurs. Je le conçois comme de la politesse, le minimum de la civilité. Je suis chez moi chez eux mais je suis chez eux avant d’être chez moi. Ce rapport inégal n’exprime aucune « domination », mais une réalité territoriale et le territoire est la base de la société avant tout autre fondement. Ce n’est pas l’Italie qui envahit la France dans ma personne mais moi Française qui vis en Italie. Arrêtons de parler de colonialisme à tout bout de champ, au risque de galvauder le terme.
L’entêtement de certains Occidentaux à haïr l’Occident me laisse songeuse. J’y vois une forme de narcissisme : la haine de soi peut être aussi narcissique que l’amour de soi, c’est une même obsession malsaine avec sa propre image.
Dans tous ces débats manque aussi une compréhension de la nature humaine. Le préjugé est universel : c’est une manière grossière de brosser ce qui nous entoure, en jugeant rapidement, par généralisation, à partir de quelques indices, afin de nous repérer et nous orienter dans le monde, où peu à peu notre jugement s’affinera et s’affirmera, notre conception s’enrichira, comme si notre environnement gagnait en définition, en précision en même temps qu’en étendue. Alors les préjugés laisseront place à une vision plus fine, juste et adéquate.
Nous avons tous (eu) des préjugés, sur les peuples, les pays, les sexes, les métiers, les écoles de pensée, ou telle ou telle catégorie de personnes. Je ne justifie pas ainsi les préjugés. Peu de choses m’impatientent autant. Ils sont une expression brute d’ignorance et de paresse. Mais je sais aussi que l’ignorance et la paresse font partie de notre nature, et nous serons toujours plus ignorants que savants, avec un esprit qui ne peut être vif et actif à tout instant. La connaissance est un chemin, l’intelligence un exercice, et l’on peut lutter contre les préjugés, tout en sachant que ce mécanisme naturel n’est pas en soi criminel. Le préjugé amorce le jugement, si ses résultats sont corrigés, soumis à la réflexion et à l’expérience, et surtout si on apprend le sens de la nuance.
Loin de lutter contre les préjugés, Hage nous donne l’exemple d’une personne qui en a sur tous les sujets (musulmans, chrétiens, Occidentaux, Français, loups sans doute). Il représente ce mélange d’ignorance et de paresse, et sans la moindre intention de s’améliorer.
Pour revenir à son texte, l’opposition qu’il maintient entre christianisme et islam ne mènera à rien de bon. Ne nous croyons pas meilleurs que ceux qui nous ont précédés. Les guerres de frontières, sur le terrain commencent souvent par une guerre des idées, des cultures ou des religions. De plus, le christianisme est l’une des religions les plus discriminées et opprimées dans le monde, notamment en Orient, et les Français ne se montrent pas tendres à son égard. À part les croyants, presque tous les Français que je connais sont antireligieux, contre la religion quelle qu’elle soit, avec des nuances dans cette hostilité, allant de la dérision à la franche détestation, et ils se sentent autorisés à critiquer en particulier le catholicisme parce que leurs lointains ancêtres l’étaient et ils ne peuvent être accusés de préjugé, alors même qu’ils manquent de toute éducation sur le sujet. Cette hostilité se comprend à partir de l’histoire révolutionnaire et anticléricale de ce pays, dont la première victime a été le catholicisme. Par ailleurs, on devrait avoir le droit de critiquer toute religion, à tort ou à raison, et c’est un autre fondement de notre société : la liberté de pensée et d’expression.
La question du christianisme est complexe. Les fondements de notre société peuvent être interprétés comme une laïcisation des principes chrétiens : l’amour de la vérité, l’incarnation par la parole, la dignité inaliénable de la personne humaine. Une certaine France entretient aussi un rapport identitaire et réactionnaire au christianisme. Notre pays se considérait comme la « fille aînée de l’Église ». C’est une conception très particulière, qui, de nouveau, se comprend par son histoire et qui n’est pas équivalente au christianisme d’autres pays européens, que ce soit la Pologne, l’Italie ou l’Espagne. Sans surprise, les religions diffèrent dans leur manifestation selon l’endroit où elles prennent racine. Mais Hage n’a sûrement pas lu Péguy, ce serait déjà beaucoup s’il avait lu un auteur français d’avant les années 1950. Tout ce qu’il sait de notre pays, c’est la French Theory et ce texte est rempli d’échos de Foucault et de Lacan (sur la loi, la discipline, etc.). Toujours la même histoire, et moi qui croyais que l’avant-garde désignait l’originalité, la rupture, l’invention. On en est loin.
Hage ne cesse de dénoncer la propension disciplinaire de l’Occident (à ce propos, pourquoi appeler loi une « manière de faire les choses », pourquoi faire d’un habitus un décret ? Ça n’a rien à voir), mais lui-même décide de ce qui est juste ou injuste, avec un certain autoritarisme. Une remarque pourrait révolutionner son point de vue : beaucoup de musulmans sont de droite, conservateurs en matière de mœurs et libéraux en économie. S’ils ont voté en majorité pour Jean-Luc Mélenchon parce qu’ils étaient stigmatisés par l’extrême droite, la droite plus traditionnelle ne manquera pas de voir qu’elle rencontre là de nombreux soutiens. Et leur faire croire qu’ils sont détestés par leurs concitoyens (voire par tout l’Occident) ne les aide pas, ni eux, ni l’ensemble de la société. Cela crée un état de panique qui mène aux extrémismes politiques. L’auteur arrive aussi à traiter d’islamophobie sans évoquer le terrorisme et le traumatisme qui s’ensuit pour la société. Curieuse omission.
Je ne sais pas où Hage se situe, comment il s’identifie, mais clairement lui et moi ne partageons pas la même culture : la sienne, c’est l’inculture qui se cultive. Il est une des figures orwelliennes du monde intellectuel actuel, un anthropologue complètement ignorant de la nature humaine, de l’histoire humaine, des sociétés humaines, comme Judith Butler est une philosophe inapte à la logique et à l’abstraction, et tous deux montrent qu’un certain cercle universitaire se dispense des règles les plus élémentaires à la constitution de la connaissance. Pas besoin d’être spécialistes, il suffit d’avoir un minimum de bon sens pour découvrir leur imposture.
Pour finir, le concert d’éloges autour de ce livre qui finit de discréditer les arbitres du goût et de la pensée.
Dans sa prose mordante, Ghassan Hage nous offre ici une critique des connexions internes entre racisme et spécisme dans leurs expressions contemporaines : c’est-à-dire l’islamophobie et la catastrophe écologique planétaire. (Eduardo Viveiros de Castro, anthropologue)
Hage, avec son talent pour mettre en lien des éléments apparemment disparates, fait apparaître ce que nous ne voyons pas. (Françoise Vergès, politologue)
Un livre original et fondateur. (Jade Lindgaard, Mediapart)
Pour Hage, la crise raciale et la catastrophe écologique constituent une même crise. Un essai percutant, limpide et novateur. (Weronika Zarachowicz, Télérama)
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