Sortie du nouveau numéro de la revue La Piscine, avec pour thème « l’éternel et l’éphémère » :
« Faire entendre ce que l’instant changeant contient d’infini. Montrer l’immuable dans le périssable et le précaire. Résoudre, en quelque sorte, une équation impossible, mais dont la poésie contient pourtant la solution. Seulement, il faut aller creuser le visible pour espérer en tirer quelque chose qui transcende et l’époque et l’objet. Interpréter le quotidien, et faire surgir la vérité cachée derrière les fioritures. S’attacher à décrire un lieu, une chose, une situation anodine, jusqu’à lui donner valeur d’universel. Révéler les conjonctions aléatoires dans le paysage. »
70 auteurs et artistes répondent à cette invitation. Les photographies – toutes en noir et blanc afin de préserver l’atemporalité de l’instant – me touchent par leur simplicité poignante ou suggestive : un pissenlit passé d’une main parcheminée à une menotte d’enfant, un dos frémissant sous les papillons d’un chemisier, des montagnes où crépitent les étoiles, une branche si brusquement lancée à l’assaut du ciel qu’elle se floute, trop proche, trop lointaine…
Je viens de recevoir la revue et n’ai pas encore eu le temps de lire l’ensemble des textes. Une de mes nouvelles en fait partie : Le gardien des voix. J’en transcris ici un passage, dans l’espoir que la curiosité vous viendra d’en savoir davantage.
« Quoi de plus proche de l’âme que la voix ? N’est-ce pas la même chose ? À la fois dedans et dehors, elle s’ancre dans le corps et s’y volatilise, s’offrant comme son surplus et son essence, anomalie presque paranormale. Incarnation sans corps donc, empreinte immatérielle de notre matérialité, souffle devenu sonore et qui, en résonnant, crée l’espace qu’il traverse, trame très travaillée de silence et de bruit qu’on appelle le langage, double fond entre le dit et le non-dit, l’entendu et le sous-entendu, chatoiement de nuances et d’ambivalences que tout écrit ternit, vie la plus désarmée, la plus désarmante qui prend son vide pour instrument, creux où tombent et se troublent les années comme dans un puits les pluies et les débris, plongée dans le flux anonyme de tout ce qui bruit et bruisse, enchantement puissant, sortilège des promesses, sésame des définitions, envoûtement du chant. »
Vous trouverez ici une présentation de la revue La Piscine.
Les photographies que je décris sont, dans l’ordre : Fragile de Louise Imagine, Après les Aulnes d’Isabelle Rivière, J’ai rêvé de montagnes d’Alain Mouton, Brèche de Pascale Anziani.
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