Face aux fauves

Récit de rêve

Je joue, enfant, dans un parc naturel, une réserve de sauvagerie, avec ma meilleure amie d’alors, Marie la rousse, qui dans mon imaginaire synthétise les figures de la Vierge et de la Femme Sauvage. Pays de savanes. Le soir tombe et, comme par un effet du soir qui tombe, je n’ai plus de chaussures. Je vais en chercher de nouvelles à la maison, une ferme dans les environs, voisine d’autres exploitations, au fond d’un vallon déjà sombre, le soleil ne soulignant que l’arête des montagnes derrière lesquelles il descend. Heure où la clarté semble émaner de la terre, si bien nommée entre chien et loup, parce qu’on ne distinguerait pas l’un de l’autre si on rencontrait l’un d’entre eux. En m’approchant du portail, je pressens une menace : derrière moi, une horde de lions dévale la pente, bruns dans l’obscurité – ou s’agit-il de hyènes ? Un des fauves me saute dessus, non, au-dessus, il me laisse sous son ventre et ses pattes bondissantes pour atterrir de l’autre côté de la barrière, dans l’enclos. C’est une vache qu’il attaque, qu’il mord sous mes yeux, à la jugulaire.


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