Récits de rêve
Avec Flore et Camille, on reforme le trio d’autrefois. On se retrouve chaque soir pour des séances de spiritisme, qui m’inquiètent et me fascinent à la fois, car je soupçonne, sans en être sûre, que c’est moi l’esprit que nous cherchons à invoquer.
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Je suis deux, deux jeunes filles. Nous marchons le long d’une route, la nuit. Un homme nous apostrophe, nous menace avec un ciseau. On s’esquive, on fuit, il nous poursuit. Il veut nous couper les fesses. « Ça dépasse, dit-il. » Nous voici réfugiées au sommet d’une tour qu’il escalade. Je ne suis plus deux, mais trois, sept, neuf, treize, et nous nous jetons, l’une après l’autre, dans le vide. Plus d’autre échappatoire. Mais la tour s’échelonne de nombreuses terrasses et chacune se fracasse à une hauteur différente, plus ou moins désarticulée, mais vivante, sauf une, la première, au sol, morte.
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Je suis Éole. Roulé en boule dans ma grotte, je dors et tourne en moi les vents. Chair immatérielle à l’abri de la pierre, clarté glauque dans les ténèbres. Des pensées se pointent à l’entrée, intruses, risques de réveil. Je me concentre sur le tourbillon dont je suis le centre, je dois maintenir son mouvement, et cela revient à rester dans le sommeil. Je veille sur le souffle. Sentiment inapaisé de paix.
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