Le premier amour est privilégié comme s’il déterminait notre destinée, décidait à tout jamais de notre manière d’aimer, donnait le ton et la tonalité. Je n’y crois pas. C’est même tout le contraire. Le premier amour est encore amour de l’amour et donc amour de soi, fantasme de l’héroïne ou du héros que l’on devient dans une histoire née de romans et de cinéma. On imite les gestes d’autrefois tout en donnant à chaque jour le poids du pour toujours, obéissant aux lois de notre idéal qu’il soit celui de l’amour absolu ou de l’amour libre. Parce qu’il est illusion, sa fin aura l’amertume d’une désillusion, brisant et blessant. Le deuxième amour a alors la clarté d’une convalescence, son éveil émerveillé, sa crainte superstitieuse, sa lucidité brûlante, sa nostalgie d’innocence. On y apprend à aimer – car aimer s’apprend. On y apprend l’autre et soi – également inconnus. Peut-être n’aime-t-on vraiment que la deuxième fois. Ce n’est plus jouer aux grands. À l’inverse, c’est retrouver une enfance qui n’a jamais été, ressusciter d’une mort qui a commencé à la naissance.
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