
Les souris délient Tempête, mais celle-ci, à peine libérée, s’échappe dans les galeries. Défoulant sa force retrouvée, elle va si vite et si petite, par des chemins si insensés que les vents ne savent comment la rattraper. Ils écoutent le tapotement de ses pas dans la roche, plus haut, plus bas, jamais là, et ne cessent de la manquer, jusqu’à ce qu’éclate le rire d’Aurore. Tempête aura déboulé dans la grotte. Ils y arrivent à leur tour et la voient qui fuse vers le plafond, rebondit contre les parois, retombe au sol et tournoie dans tous les sens. Aurore l’attrape au vol et lui propose un bonbon. Occupée à choisir, l’enfant se calme.
« Il est temps de se séparer, annonce Borée.
– Encore une histoire ! réclame Tempête.
Borée bâille : Oh non, j’ai l’impression qu’on se raconte des histoires depuis une année entière. Pourtant, cela ne fait qu’une journée.
– J’ai épuisé mon compte, abonde Notos, on doit rentrer et travailler.
– Les vents travaillent ? demande Tempête.
– Bien sûr. On fait respirer la mer et voler les oiseaux.
– On disperse le pollen et les graines.
– On vous apprend à respirer.
– On vous rappelle de respirer.
– On façonne les roches et les arbres.
– On gonfle et essouffle les feux.
– On change la neige en nuage
– et le nuage en neige.
– On mélange les parfums.
– On propage les légendes.
– On répand les idées.
– Et on garde parole.
– On fait tourner le monde.
– Que ferait-on sans nous ? »
Tempête n’a pas le temps de répondre. Déjà, ils sont partis.
FIN
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