« Il ne faut pas être dans le ressentiment. »
« Vous êtes dans le déni. »
« Je suis dans l’empathie. »
« Ils sont dans la violence. »
« Elle est dans le don. »
« Tu es dans la réaction. »
Aujourd’hui, on est dans ses sentiments, ses pensées ou ses actions, comme si on était immergé dans leur substance qui collerait ensuite à la peau, ou comme si on marinait mollement dans les éléments du monde au lieu de s’y mouvoir. Certes, passion sous-entend passivité, mais là on ne plonge même pas, on n’est pas non plus jeté et bien loin de se débattre, et qui songe à nager ou voguer. Non, on y est et on y reste. Dynamique zéro de l’âme. Cornichon dans son bocal.
On peut arrêter d’être dans ? Pour que je sois moins dans l’irritation.
être dans
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Commentaires
22 réponses à « être dans »
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Hahaha ! Bien dit. Mais il me semble que ce « dans » va plus loin: on est « dans » signifie qu’on fait le choix de, qu’on opte pour un positionnement où l’émotion décrite se fait bannière, on est « dans la représentation » au moins autant que « dans le ressenti », et on s’assure surtout d’être sur Insta (pourquoi pas « dans »?) afin que chacun puisse nous voir mariner dans notre formol (à moins que ce ne soit du botox?).
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Ah si je dois être honnête, j’y entends une forme de lâcheté et de condescendance : on ne dit pas vraiment les choses (il est aigri/généreux/violent/altruiste) et on ne donne la responsabilité à personne de ce qu’on est (on est là sans que personne et surtout pas soi-même on s’y soit mis) et on juge la situation par au-dessus (ah un tel est dans ça, je le regarde là qui marine). La formule participe d’une sorte de novlangue où personne n’est sujet de ses actions et de ses émotions. L’équivalent linguistique du témoignage apitoyé qui sert d’argument et de pensée dans les médias. Tous ces gens qui sont dans devant leur écran….
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Je vois ce que tu veux dire, mais je n’entends pas ces expressions de la même façon. C’est peut-être parce que je les lis comme un équivalent, sinon une traduction, de l’anglais « to be into » qui veut dire « aimer, s’adonner à ». Je trouve cela maniéré plus que passif. Dans tous les cas, c’est un tic de langage détestable.
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Je n’avais pas pensé que cette expression puisse venir de l’anglais, peut-être parce que je l’ai beaucoup entendue dans le milieu psychanalytique, pour moi elle venait de là, avec son accent de diagnostic.
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Si j’entends l’anglais à travers, c’est moins insupportable 😂 Merci !
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Je suis dans l’accord avec toi, Joséphine ! 😉
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🙂
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Il me semble, Joséphine et Frog, que cette construction est pratiquement toujours utilisée pour autrui, et très rarement pour soi-même, ce qui marque effectivement une sorte de condescendance puisque la personne concernée n’est pas vraiment considérée comme responsable.
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Je l’entends aussi comme une sorte de constat sur un état qu’on subit malgré soi. Ce tic de langage semble venir du milieu de la santé mentale, les psys l’utilisent beaucoup et il décrit le plus souvent les émotions d’autrui ou de la société ou des pans de la société.
Mais « je suis dans le don », je l’ai entendu dire (et j’ai retenu avec peine un fou rire !)J’aimeAimé par 1 personne
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Oui moi aussi j’ai entendu cela! Dans le don, dans le pardon, dans l’empathie. 😬
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Curieusement en parlant de soi on dit rarement qu’on est dans le regret et l’aigreur et il est très rare qu’on reconnaisse être dans l’erreur 😁
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😂
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Je me demande si ces gens savent que lorsque j’entends ça une alarme s’allume dans ma tête.
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Hahaha pareil ! 🚨
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C’est marrant, car j’ai revu « L’Emmerdeur » (le film passait sur Arte au Jour de l’an) et je l’ai fait découvrir à une amie, qui a été fort surprise que je m’esclaffe quand Brel déclare, avec son aplomb génial de maniaco-dépressif en roue libre : « Moi je suis dans la chemise. »
C’est évidemment ce sens beaucoup plus concret, quoique argotico-métaphorique (moi, à une époque, « j’étais dans la limonade »), et déjà largement daté, que je préfère, et qui n’a rien à voir avec ce que tu dénonces à juste titre, ce truc contemporain de jargon psycho, assez passif-agressif en fait, et qui rappelle le tic de langage avec « sur » des cuistots et autres foodistas (on ne rit pas !) qui colonise nos propres cuisines de ploucs : « On part sur une tourte », « On est sur une émulsion »… Ah bon, et tu fais quoi, sur ta mayo ? Du surf ?
Les prépositions ne veulent plus rien dire, ma bonne dame ! Bonne année au passage. J’espère que pour toi, cette année, ça va baigner dans l’huile !
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Tu m’as fait rire ! Ça fait plaisir d’avoir de tes nouvelles. Je ne connais pas « L’Emmerdeur », faut que je le voie.
Passif-agressif, c’est le mot, juger sans y toucher, balancer l’autre mais sans se mouiller.
Je n’ai pas encore entendu des gens du commun « partir sur », mais je tendrai l’oreille 😉
Notre président a – parmi tant de tics de langage, c’est le tic fait langage – celui de remplacer connaître par savoir : « je sais votre colère/votre peine/etc. ». Manière de simuler l’empathie. J’ai l’impression qu’on se colle et frotte à moi tandis que j’essaye à tout prix de m’écarter. Je ne sais pas d’où ça lui vient – pseudopoésie ? jargon religieux ? ou de nouveau vocabulaire psy ? En tout cas, ça me donne des boutons, me voici de nouveau dans l’irritation !
Bonne année à toi aussi, en espérant avoir l’occasion de te lire plus souvent 🙂J’aimeJ’aime
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Bien vu, ce « je sais » est ultra irritant, 100 % faux-cul, et je vote personnellement pour « pseudopoésie », connaissant la niaiserie du lycéen attardé qu’est Macron.
« L’Emmerdeur » est l’une des comédies françaises les plus incroyables de tous les temps, avec Lino Ventura et Jacques Brel dans les rôles centraux. En le revoyant, je me suis une nouvelle fois rendu compte d’à quel point c’était écrit au cordeau : les dialogues sont tout bonnement parfaits, et vont droit à l’essentiel, et sont servis par deux acteurs au sommet (ouaf, on dirait que je me prends pour un critique ciné, eh). Le rival de Brel, qui lui pique sa femme (on est dans le vaudeville, attention – ou sur un vaudeville ? aïe !) est justement un psychiââtre et directeur de clinique interprété par Jean-Pierre Darras qui excelle dans la veulerie. Attention cependant, le film a été l’objet d’un remake, à éviter absolument (je ne l’ai pas vu, mais bon, évitons-le par principe, quoi).
(On se parle bientôt en direct !)
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Cela n’a aucun rapport mais j’ai aussi une expression qui m’horripile : faire de l’essence.
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Ah je ne l’ai jamais entendue en France ! Mais cela ne me froisse pas parce qu’en italien on dit « fare benzina ». En général, l’italien place faire là où le français dit prendre (on fait sa douche par exemple). Peut-être que l’expression française vient de l’italien, qui sait.
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Je sais que je l’utilise, hélas. Quand je l’ai lue dans Djian à 20 ans cette expression, je me disais que c’était un sale tic pour faire américain, et que ça ne marchait pas des masses. Mais… je le dis souvent, maintenant. On fait de l’essence comme on fait une corvée. C’est un peu comme l’amour, on ne le fait (fabrique) pas vraiment de ses mains, mais on le fait quand même, quoi. L’essence aussi. Je me comprends !
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