Déconstruire la transidentité.

Le genre désigne la construction sociale qui se fonde sur la binarité des sexes. Du mâle et de la femme, en tant qu’humains homme et femme, on fait la masculinité et la féminité : une représentation mentale de ce qu’ils devraient être, de leur essence et de leur mission sur terre. Le genre n’est ni neutre ni objectif. Toujours, il justifie et renforce la domination de la femme par l’homme. Ainsi, la femme devrait être par nature douce, soumise, sensible, émotive, maternelle, attentive aux autres et l’homme puissant, rationnel, courageux, avec une force incontrôlable et une pulsion sexuelle irrépressible que la femme doit soulager. Ce récit permet à l’homme de profiter des services physiques, psychologiques et sexuels de la femme, comme s’ils lui étaient dus. Il vise l’esclavage de la femme.
Le féminisme radical décide d’abolir le genre : que les hommes et les femmes soient ce qu’ils veulent, s’identifient à ce qu’ils souhaitent, donc que les hommes puissent être féminins et les femmes masculines puisque féminin et masculin ne seraient plus associés à leur sexe, mais surtout libérer les femmes de ce récit de terreur et instaurer une société de justice et de paix. Dans ce contexte, il n’existe que deux genres, ceux des sexes, qu’il faut abolir non pour nier la nature (la binarité des sexes), mais l’aliénation qui en découle (de la femme par l’homme). Le bon nombre de genres, c’est donc : zéro.
Vient ensuite la théorie queer. Mot signifiant étrange, bizarre, insulte lancée aux homosexuels dont certains se sont ensuite réclamés avec fierté. Puis, il a désigné un courant de pensée dans les universités américaines, issu du féminisme et devenu un mouvement populaire. Thinking Sex de Gayle Rubin en est l’essai fondateur et il a donné enfin la théorie du genre de Judith Butler. C’est un féminisme tellement surréaliste que j’ai dû mal à comprendre en quoi il est féministe. Il défend une sexualité violente, reproduisant la domination de la sphère publique dans la sphère privée parce que l’érotisation de l’oppression nous en libérerait par une sorte de renversement carnavalesque. Il promeut en conséquence la prostitution et la pornographie et autrefois, à son apparition, il défendait la pédophilie. Récemment, Butler trouvait des justifications à l’inceste, dont elle veut abolir l’interdit.
Pour moi, la théorie queer est une mouvance de bourgeois en mal de frissons. On choque le bourgeois entre bourgeois, forcément. Quand on connaît un minimum ces mondes où la traite d’êtres humains est encore autorisée, quand on a subi la violence sexuelle ou physique, quand on a été sexualisé dès son enfance, on n’y fantasme certes pas une libération sexuelle. À moins que ces gens soient des victimes de graves traumas qu’ils répètent en espérant s’en affranchir, ou encore qu’ils trouvent dans cette théorie la justification de leur instinct prédateur. Il doit y avoir de tout. Réduire la libération de la femme à la libération des mœurs révèle aussi une récupération du féminisme par le patriarcat : les hommes en profiteront plus que les femmes.
La transgression est consubstantielle à ce mouvement : il faut déranger, troubler, choquer. En vérité, il est hypernormé puisqu’il reproduit jusqu’à les exacerber les tendances de la société patriarcale : la domination, l’exploitation, l’abus des plus faibles. Sa transgression ne vise pas la société mais l’État, dans une relation immature où le peuple est l’enfant et l’État le parent. Elle contrevient à ses lois qui tentent de remédier à l’inégalité de la société, en interdisant la violence conjugale, le viol, la prostitution, etc. Cette manière d’articuler la libération vis-à-vis des règles et non des réalités de la société vient d’une interprétation foucaldienne de la norme et de la transgression et je renvoie sur le sujet à un article de Jen Izaakson.
Je ne qualifiais pas cette mouvance de bourgeoise dans le sens de classe sociale, car je sais que la violence physique et sexuelle existe autant dans les milieux bourgeois, contrairement à ce qu’on pense souvent, mais qu’elle transparaît moins, le pouvoir y étant plus fort (matériellement et symboliquement) et donc l’impunité très répandue. Bourgeois donc, non en termes de classe sociale, mais de gens surprotégés et immatures, pour qui désobéir est une aventure, alors que pour toute victime de violences, avoir la loi pour soi et voir ce qu’on a subi être reconnu et puni au tribunal est le plus grand des soulagements, une promesse de salut. Même sans aller jusqu’à la Cour, pour une victime, savoir que ce qu’elle subit est mal et interdit et que si les gens savaient ils la sauveraient, c’est souvent sur le moment et après la seule manière de préserver son intégrité psychique.
Cependant, il est vrai que cette mouvance du féminisme jouit d’une grande audience au point qu’elle semble dominer le féminisme actuel. Dans ce sens, il vient d’une classe aisée : il a davantage accès à la parole et à la médiatisation. Mais cela est dû aussi à ce que les médias veulent entendre : on préfère montrer de jeunes et jolies filles qui soi-disant aiment se prostituer comme s’il s’agissait de quelque coquinerie de boudoir (voir La Maison, d’Emma Becker) que les 90 % des prostituées qui le vivent comme un enfer (le livre le plus bouleversant que j’ai lu sur le sujet : Ma mère toute bue, de Valéry Meynadier, fille de prostituée, son regard d’enfant et d’adolescente sur sa mère qui oublie ses viols dans l’alcool). On n’a jamais envie d’écouter les véritables féministes qui sont des rabat-joie, des fanatiques, des sorcières, des prudes, des nazies – on a tout entendu. Voyez par exemple le face à face entre Gabriel Matzneff et Denise Bombardier lors de l’émission Apostrophe.
Ce féminisme queer s’oppose au précédent qualifié de radical, matérialiste ou essentialiste, parce qu’il se fonde sur… la réalité : la binarité des sexes, l’exploitation des pauvres et des femmes et donc en particulier des femmes pauvres, les statistiques et les témoignages, bref, la science, les faits, la vie. J’essaye de présenter en toute impartialité ces féminismes, mais j’ai beau cherché, je ne trouve rien à sauver dans le féminisme queer, à part une certaine esthétique rock ‘n’ roll peut-être ? Il considère toute appartenance à une catégorie (classe, population, sexe) comme une forme d’oppression et estime qu’on peut y échapper par la performativité du discours : il suffit de dire pour être. On est dans la postmodernité de la vérité. Le langage perd tout ancrage dans la réalité, réduite à une illusion pour les dupes et les sots, les normés. Il est de nouveau évident que cette théorie vient d’une classe favorisée et individualiste pour croire que les rapports de force de notre société disparaîtront par notre simple décret personnel. Ainsi, le sexe qui nous divise n’existe plus parce qu’on le dit : il n’est plus que genre, simulation d’une simulation, reproduction sans original.
En effet, la théorie du genre est une branche de la théorie queer. Le sexe devient une donnée négligeable : le genre est un spectre de représentations qui va de l’ultra féminin à l’ultra masculin où chacun se situe à sa guise, avec fluidité, comme ils disent, au-delà de la binarité. Cette fluidité est considérée comme transgressive vis-à-vis de la norme qui nous demande de correspondre à nos rôles genrés et plus précisément vis-à-vis de l’État qui nous identifie par et à un sexe, mais elle s’avère vite, comme toujours avec la théorie queer, extrêmement normée : elle donne l’hypergenrisme (si tu mets du maquillage, tu es une fille ; si tu aimes les voitures, tu es un garçon) et célèbre la victoire du patriarcat lorsque les femmes n’ont plus d’espace, plus de voix ni même de nom propre et se trouvent réduites à leurs seules fonctions reproductives. Selon cette théorie, le nombre de genres est potentiellement infini et on les emprunte par simple annonce en changeant nom et pronom, sans besoin de modifier son corps, même si c’est souvent le cas, car le langage pourrait créer ce qu’il profère.
Le transgenrisme est donc une philosophie. Pas une condition de nature, comme d’être né de telle et telle origine, homme, femme ou entre les deux sexes, bi, homo ou hétérosexuel, autant de conditions qu’on ne choisit pas, que nous sommes. Non, le transgenrisme est une théorie, une opinion et je dirais le plus souvent une religion, que je tolère en tant que telle, autant que toutes les autres, ainsi que ses adeptes, qui vont, comme dans toutes les croyances et les systèmes de pensée en général, des extrémistes aux modérés.
Le transgenrisme n’est pas le transsexualisme ni l’intersexualité. Le transsexualisme est la décision de vivre comme et en tant que l’autre sexe, par l’apparence, qui va du vêtement et de l’attitude à la prise d’hormones et à l’opération chirurgicale, mais sans affirmer pour autant incarner l’autre sexe, ce qui n’est effectivement pas le cas. Il caractérise une grande partie des trans actuels. L’intersexualité est une condition de naissance qui se définit par une coprésence des caractères des deux sexes, par exemple dans les taux d’hormones ou la composition des chromosomes. La biologiste Anne Fausto-Sterling estime qu’elle concerne 1,7 % de la population, chiffre qui a été repris par la théorie du genre pour prouver que le sexe est un continuum et non une binarité. Cependant, sa manière de calculer les cas et d’illustrer l’intersexualité par les exemples les plus extrêmes a été vivement critiquée et les spécialistes avancent des chiffres bien moindres. D’autre part, dans leurs déclarations, les intersexuels eux-mêmes se distinguent ouvertement de l’identité de genre, puisque leur démarche se situe à l’opposé. Souvent victimes d’interventions chirurgicales dès la naissance pour les rendre conformes à un sexe ou à l’autre, ce qui a ensuite de graves conséquences physiques et psychologiques, ils luttent pour préserver leur corps et affirment qu’intervenir sur celui des enfants équivaut à une violation des droits humains. Il n’y a pas de mauvais corps, aucun corps ne devrait être corrigé, disent-ils. Donc, rien de plus éloigné de la théorie et des pratiques du transgenrisme.
Je m’étonne de voir que cette philosophie de vie, qui compte finalement très peu de gens, fasse autant de bruit et de ravage dans la société d’aujourd’hui – comme si nous n’avions pas d’autres soucis ces temps-ci ! 0,6 % de la population britannique se déclare transgenre, ce qu’il faut réduire encore aux seuls activistes de la transidentité qui ne représentent pas la majorité des transsexuels ; et cette minorité parvient à abolir le mot de femme, la notion même, à effacer plus d’un siècle de luttes féministes d’un revers de la main, à annuler tous ces privilèges qui n’en sont pas : qui ne sont que les protections minimales et rudement acquises dans un système d’exploitation multimillénaire. De même, elle arrive à créer des cliniques où l’on traite sans aucun fondement scientifique, aucune expérience clinique, pour remplir un agenda politique, non seulement des mineurs, mais les plus vulnérables d’entre eux, qui souffrent de troubles graves dont la dysphorie de genre n’est qu’un symptôme, ou sont simplement homosexuels dans une société qui encore aujourd’hui ne les accepte pas. Traitement qualifié déjà par certains (perdant aussitôt leurs comptes sur les réseaux sociaux) d’un des épisodes les plus noirs de la médecine. Le pouvoir de nuisance de ces activistes s’explique par l’efficacité de leurs méthodes, leurs soutiens politico-financiers et médiatiques, mais il vient aussi de notre dépolitisation, comme s’ils avaient rempli un espace vide. Alors, il est temps de se mobiliser et de les en chasser.
Je vais critiquer cette idéologie, ce qui n’est pas de la transphobie, comme critiquer une religion ou une théorie n’est pas de la phobie, il n’y a là ni peur ni haine, seulement de la pensée, ce qui suscite apparemment aujourd’hui de la peur et de la haine.
Voyons donc les dogmes du transgenrisme. On peut naître dans le mauvais corps, notre sexe est choisi à notre place à la naissance et on a le droit ensuite, au nom de la liberté individuelle, de contredire ce choix. Il n’existe pas deux sexes, mais une infinité de genres, où chacun se situe selon son ressenti.
C’est tellement n’importe quoi qu’on ne sait pas par où commencer.
Personne ne naît dans le mauvais corps. Cette affirmation est d’une cruauté inconcevable. Aucun corps n’est mauvais. On est face à une nouvelle version du péché originel. Il n’existe pas d’esprit masculin ou féminin qui habiterait un corps qui serait du sexe opposé. Le ressenti renvoie au genre de l’homme et de la femme (je m’identifie à la féminité ou à la masculinité) et ne dit rien de notre sexe. Les intersexuels eux-mêmes qui vivent par naissance cette situation d’entre-deux ne cessent d’affirmer qu’il n’y a pas de mauvais corps et luttent pour interdire toute intervention médicale durant l’enfance.
Notre sexe n’est pas un choix. Pas plus que la couleur de notre peau, nos cheveux lisses ou bouclés, notre taille ou notre état de santé. Il est avéré que cette idéologie a un gros souci avec la biologie, mais tout le monde sait quand même que le sexe est établi bien avant la naissance. L’expression qu’ils répètent sans cesse : « sexe assigné à la naissance » devrait être remplacée par « sexe assigné à la conception ». Mais une telle expression mettrait à mal leur dogme précédent : l’idée que la société nous oblige à nous revêtir d’un corps sexué comme d’un vêtement et que nous être profond peut être du sexe opposé, ce qui amène à un mysticisme invérifiable : on se sent homme ou femme par je ne sais quelle étincelle originelle. D’autre part, même si on le souhaite, on ne peut pas réellement changer de sexe. C’est le contraire qui arrive lorsqu’on devient trans : on revêt l’autre sexe extérieurement, mais le premier reste sous-jacent. Les transsexuels vivent comme l’autre sexe, en tant que l’autre sexe, mais ils ne sont pas l’autre sexe et le savent. L’assignation de sexe concerne la condition des intersexuels qui subissent des interventions médicales à la naissance, notamment des garçons dont on retire le pénis jugé malformé pour les réassigner filles. Cette expression désigne une pratique barbare et à présent interdite, elle décrit la violence spécifique subie par une minorité et ne devrait pas être récupérée à des fins politiques.
Changer de sexe n’est pas forcément un affranchissement. Le transsexualisme est une nécessité pour ceux qui souffrent d’une dysphorie de genre qui perdure à l’âge adulte. Ils disent souvent ne pas pouvoir survivre autrement. Aujourd’hui, ce changement est souvent une violation des droits fondamentaux de l’être humain, puisque la transition est prescrite à des mineurs pour traiter d’autres troubles, de graves traumas ou dissimuler l’homosexualité. Enfin, changer de sexe aux yeux de la loi n’aurait pas de conséquences si les sexes étaient égaux, ce qu’ils ne sont pas. Imaginez quelqu’un qui irait en fauteuil roulant et ferait semblant d’être handicapé pour avoir accès à leurs quotas, participer aux paralympiques, etc. C’est pareil. Certains pays établissent un troisième sexe, neutre, catégorie bienvenue pour les intersexuels, appliquée aux transgenres, mais ici aussi il faudrait l’avis des concernés, les intersexuels, qui disparaissent à leur tour par cette inclusion. Par ailleurs, la biologie de ces derniers ne constitue pas un troisième sexe, elle confirme par son exception même la règle de la binarité et la plupart se retrouve dans l’un ou l’autre sexe à l’âge adulte.
Il n’existe pas de fluidité ni d’infinité de genres. Selon l’idéal féministe, il ne devrait pas exister de genre du tout, ou du moins de prescription de genre. Ils sont une construction sociale et culturelle qui nous aliène. Cependant, il y a deux sexes. Même les anomalies génétiques sont des variations sur cette dualité et les genres la reproduisent à leur tour. On peut juger cela restrictif et ennuyeux, alors écrivons des livres de science-fiction, mais ne faisons de notre société une dystopie. D’ailleurs, le transgenrisme n’invente rien et se contente de recombiner à l’infini du masculin et du féminin. Je ne trouve pas non plus qu’il y ait grand-chose de fluide dans une mastectomie ou une vaginoplastie, ni dans les traitements hormonaux qui refaçonnent les traits, la voix et la corpulence, ni dans les bloqueurs de puberté qui stérilisent des enfants, altèrent leur mémoire, augmentent les risques de maladies cardiovasculaires et d’ostéoporose. Je vous renvoie à la vidéo d’une jeune fille, Cari Stella, qui a détransitionné. Elle répond à un transactiviste, Julia Serano, qui inclut les détransitionneurs sur le spectre du genre, puisque, comme pour tout adepte ou croyant, rien ne doit échapper à leur système d’explication par le genre. Cari Stella rétorque : « Je n’ai pas d’identité de genre. Le genre m’a été imposé. Le genre m’a traumatisée. Je ne veux plus rien avoir à faire avec lui. » (« I don’t have a gender identity. Gender was done to me. Gender was traumatising to me. I don’t want to have anything to do with it anymore. ») Pour elle comme pour l’écrasante majorité des détransitionneurs, le rejet social n’est pas la cause du retour au sexe d’origine, contrairement à ce que soutiennent les transactivistes. Ils quittent la religion du genre parce que le genre les blesse, les altère, les traumatise, ce dont ils prennent souvent conscience à la suite d’opérations massives ou de traitements médicamenteux qui aggravent la dysphorie. En exemple, cet autre témoignage qui raconte le réveil après une mastectomie, le sentiment de perte et de dépersonnalisation. La première raison pour la détransition, donnée par les concernés, c’est le changement d’opinions politiques/idéologiques avec 63 % (le genre est donc bien une idéologie) et la dernière, c’est la pression sociale, avec 7 %.
Le transgenrisme connaît un grand succès par l’intermédiaire des réseaux sociaux et d’internet en général, parce qu’il entretient la confusion entre sexe et genre et au sein du genre entre ressenti psychologique et stéréotype social. Elle offre un modèle de transgression, qui exerce sa fascination sur des adolescents qui explorent leur identité et se construisent dans l’opposition, d’autant qu’elle se publicise par des symboles régressifs et acidulés et des appels à l’écoute et à la tolérance. La définition du genre devient alors de plus en plus large et floue, sans plus aucune référence au sexe. Les cisgenres auraient des comportements conformes au genre et les transgenres transgressaient au contraire cette normativité. Cependant, si on définit ainsi ces termes, qui voudrait être cis ? Et tout le monde n’est-il pas trans ? Je ne connais personne qui soit entièrement conforme à son genre, même s’il existe des degrés de conformité. C’est ainsi qu’on en arrive à tout un narcissisme 2.0 qui consiste à choisir son genre, se déclarer non binaire et gender-fluid (50 manières de décliner son genre sur Facebook par exemple). Mode sans gravité, si ce remplacement du sexe par le genre n’avait aussi une finalité politique : il escamote la gravité de ces bouleversements qu’on inflige au corps et il fait oublier qu’on est en train de traiter du sexe de mineurs. Le consentement n’a pas de sens à cet âge. Le choix n’existe pas. On le sait pourtant pour ce qui concerne l’interaction sexuelle.
Vous trouvez peut-être ce parallèle avec la pédophilie exagéré. Allez donc voir la première expérimentation de réassignation de genre sur mineur : David Reimer, bébé garçon dont on a enlevé les organes génitaux endommagés par une circoncision et qui a été élevé en tant que fille aux côtés de son frère jumeau, resté garçon. Le médecin en charge, John Money, les invitait à interagir entre eux comme homme et femme pour leur éducation sexuelle. Tombant en dépression à l’adolescence, David découvre alors par son père son véritable sexe et le reprend, socialement, puis chirurgicalement. Money a publié les résultats de son expérimentation comme si elle était une brillante réussite, mais Reimer révèle la vérité quelques années plus tard et finit par se suicider. Le collègue de Money, Richard Green, qui n’a jamais remis en question ces méthodes, devient directeur de recherche dans la plus grande clinique d’identité de genre au Royaume-Uni, Charing Cross Gender Identity Clinic (GIC). Au passage, ne vous informez pas de ces questions sur Wikipédia, complètement acquis à l’idéologie du genre et qui traite l’histoire de David comme celle d’un intersexuel.
Selon l’idéologie transidentitaire, nous aurions peur des transgenres, qui viendraient apporter le trouble dans le genre. Ils sont en vérité bien acceptés dans les pays où ces pratiques sont courantes : les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie. Beaucoup d’entre eux, préférant le nom de transsexuels, sont alarmés par l’activisme actuel, son dénigrement de la science et de la vérité et son intervention sur des mineurs. Pourquoi d’ailleurs agit-il ainsi ? Une transsexuelle avance ici que ce mouvement vient principalement d’hommes qui s’identifient femmes et voudraient se débarrasser de la honte et de la peine qui accompagnent cette transition, pour soi comme pour l’entourage, donc de leur responsabilité, en faisant passer cette identification à l’autre sexe pour un état de nature, existant chez les enfants, voire dès la naissance, et tenant d’une essence intérieure indubitable qui les rend aussi femmes que les autres. Ce sont en tout cas de tels hommes qui harcèlent les féministes. Dans leurs réponses, ces soi-disant femmes semblent bien obsédées par leur bite (qui devient une arme bien entendu).
Les lesbiennes sont leurs premières cibles, parce qu’elles ne veulent pas sortir avec eux et sont en conséquence qualifiées de transphobes. Peu représentées par la communauté LGBT (« laissez tomber le L », demandent-elles), premières victimes de cette expérimentation sauvage sur mineurs (on conformise ainsi les femmes non conformes, dites autrefois garçons manqués), blessées parce qu’on leur demande quel pronom utiliser quand elles manquent de féminité pour le male gaze, elles voient aussi disparaître leurs lieux de réunion, parce qu’ils ne leur sont plus réservés. J’ai été déroutée un instant par le fait qu’un homme hétérosexuel puisse s’identifier femme et lesbienne au point de s’offusquer de voir ses avances être refusées. Mais c’est en fait un comportement de prédateur typique : interdire de dire non et aussi poursuivre le fantasme de sortir avec une lesbienne.
Je ne cite même pas les exemples les plus révoltants de transactivisme que j’ai vus, par souci de ne pas entacher l’ensemble de la communauté trans. Comme d’habitude, ils profitent d’entretenir la confusion, faisant croire que la transidentité qu’ils défendent représente le transsexualisme et l’intersexualité. Ils ne représentent en vérité qu’eux-mêmes. Mon article pourrait énumérer à l’infini leurs attaques à la libre pensée, aux droits des femmes, des homosexuels et des enfants. Ils se présentent comme des gens fragiles et hypersensibles. Il est vrai que la dysphorie de genre caractérise une population très vulnérable, mais difficile à cerner, puisqu’elle regroupe des personnes souffrant d’autres troubles psychiques et des homosexuels en butte au rejet et à l’humiliation. Autrement dit, la dysphorie de genre ne débouche pas forcément sur la transidendité ni même sur le transsexualisme et ceux qui en souffrent ne devraient pas être identifiés comme trans. Les thérapeutes déconseillent de les appeler ainsi, puisqu’une transition semble alors la seule issue à leur mal-être, issue qui se révèle souvent une impasse. D’après les dernières recherches (qui ne sont pas exhaustives ni définitives, comme toute recherche), le taux de suicide chez l’adulte est plus haut après qu’avant la transition médicale et chirurgicale et le désir de se blesser ou se tuer est plus fort chez l’adolescent après une année sous bloqueurs de puberté. Quant aux activistes qui utilisent la terreur et l’intimidation à défaut d’argumentation, je crois qu’on peut les exclure de cette population vulnérable : jamais vu d’hypersensibles appeler au meurtre et au viol, jamais vu de gens fragiles ne pas avoir d’empathie pour la fragilité d’autrui et se mettre au contraire à en abuser.
Rien n’interdit d’adhérer à l’idéologie du genre, tant mieux si certains y trouvent leur bonheur. Cependant, on ne peut pas imposer à toute la société leur vision délirante de la biologie et de la santé mentale et révoquer en conséquence des lois qui protègent les femmes et les filles, soit la moitié de l’humanité. Si vous n’êtes pas d’accord, exprimez-vous, si j’ai tort, si j’ai oublié un élément, parlons-en. Je ne veux pas, au contraire d’eux, imposer mes idées, mais nous réveiller de notre sommeil apolitique. Je termine sur une phrase de J. K. Rowling, qui aura marqué son siècle non seulement pour avoir inventé Harry Potter, mais pour avoir attiré l’attention du grand public sur cet activisme ultra-minoritaire mais totalitaire, qui détruit les fondements de notre société : « La triste vérité, c’est que si et quand ce scandale éclatera, personne parmi ceux qui supportent actuellement ce mouvement ne pourra dire avec crédibilité : « nous ne pouvions pas savoir ». »
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