Je regrette d’avoir manqué de rigueur hier en présentant la prise de position de J. K. Rowling. Je me suis laissée prendre par cette pensée mimétique que je critique tellement et je n’ai pas vérifié les sources. Dans cette déclaration, elle explique elle-même sa position. Celle-ci repose sur des recherches approfondies et une longue réflexion, elle ne se résume pas à un mouvement d’humeur ni ne se réduit à une pensée caricaturale et réactionnaire, comme on le dit. J. K. Rowling prend par ailleurs la défense de la communauté LGBT+ et inclut les trans dans sa démarche en reconnaissant le genre qu’ils ont choisi. Elle pose clairement la question de fond : doit-on supprimer la notion de sexe pour la remplacer par celle de genre ? Au-delà de la pertinence scientifique douteuse, quelle conséquence cela aura-t-il sur la société et en particulier sur les femmes au sens biologique ? J’en transcris ici quelques extraits :
« I’ve read all the arguments about femaleness not residing in the sexed body, and the assertions that biological women don’t have common experiences, and I find them, too, deeply misogynistic and regressive. It’s also clear that one of the objectives of denying the importance of sex is to erode what some seem to see as the cruelly segregationist idea of women having their own biological realities or – just as threatening – unifying realities that make them a cohesive political class. The hundreds of emails I’ve received in the last few days prove this erosion concerns many others just as much. It isn’t enough for women to be trans allies. Women must accept and admit that there is no material difference between trans women and themselves. »
« As many women have said before me, ‘woman’ is not a costume. ‘Woman’ is not an idea in a man’s head. ‘Woman’ is not a pink brain, a liking for Jimmy Choos or any of the other sexist ideas now somehow touted as progressive. Moreover, the ‘inclusive’ language that calls female people ‘menstruators’ and ‘people with vulvas’ strikes many women as dehumanising and demeaning. I understand why trans activists consider this language to be appropriate and kind, but for those of us who’ve had degrading slurs spat at us by violent men, it’s not neutral, it’s hostile and alienating. »
« Endlessly unpleasant as its constant targeting of me has been, I refuse to bow down to a movement that I believe is doing demonstrable harm in seeking to erode ‘woman’ as a political and biological class and offering cover to predators like few before it. I stand alongside the brave women and men, gay, straight and trans, who’re standing up for freedom of speech and thought, and for the rights and safety of some of the most vulnerable in our society. »
Et puis un autre pour le fun : « You are Voldemort said one person, clearly feeling this was the only language I’d understand. »
Je ne crois pas à la distinction entre l’auteur et l’oeuvre. À vrai dire, je ne la comprends pas : il est facile de percevoir la lâcheté et la haine, plus précisément l’incapacité à aimer de Céline dans Voyage au bout de la nuit (roman par ailleurs magnifique et déchirant d’humanité) et si ses pamphlets antisémites n’y sont pas en gestation, ils ne sortent pas non plus de nulle part. De même, les films de Woody Allen sont pour la plupart extrêmement misogynes et reflètent parfaitement sa vie : il n’y a pas de surprise. Au contraire, la série Harry Potter montre un désir profond de justice et un sens aigu de la complexité humaine. Tant de gens maltraités et incompris s’y sont reconnus à raison. Alors peut-être qu’on devrait écouter les alarmes de son autrice, du moins les prendre en considération.
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