Ce que je préfère à Berlin, c’est sans doute Charlotte. Afin qu’elle pratique son français, je lui avais proposé un sujet de rédaction : une couleur, ce qui a donné le texte qui suit.
Écrire un texte sur le sujet « couleur » n’est pas facile. Déjà la première question quelle couleur choisir est difficile. J’ai eu toujours du mal à décider pour une couleur, quelle est ma couleur préférée parce que je les aime toutes.
À vrai dire, il y a quelques couleurs auxquelles j’associe plus de choses positives. Ce sont surtout des couleurs froides comme bleu et vert. Probablement c’est lié à mon amour des pays froids et mouillés. Je peux supporter des pluies et une température froide pendant l’été car en échange il y a une nature très verte et vivante. Et j’adore le grand nombre de nuances de bleu qui existent quand juste quelques rayons de soleil dévient au travers des nuages. Quand je suis sur une montagne où l’herbe est tellement verte qu’elle est lumineuse, qu’on a une vue sur la mer et que le vent est fort est mouillé, je me sens complètement libre. Et ce sentiment, c’est ce que j’associe aux couleurs bleu et vert.
Au contraire, la couleur rouge est aussi une couleur très jolie et forte mais agressive et la couleur de l’avertissement. En plus, je rougis très facilement et je le déteste. Ce n’est pas seulement quand je suis nerveuse mais aussi dans plusieurs autres situations où je ne comprends pas pourquoi je dois rougir.Charlotte Schubert
C’est incroyable comme la limitation de nos moyens permet une poésie brute, à la manière des dessins d’enfant. On devrait tous tenter d’écrire en langue étrangère pour retrouver notre première prise de parole. C’est comme s’handicaper pour comprendre le poids et la portée d’un geste, se bander les yeux pour apprendre aux autres sens à voir. Et c’est, à terme, s’incarner dans un autre corps de sons et de sens et en changer de pensée. De la langue maternelle à l’étrangère, il n’y a pas la même attente, la même adresse, la même recherche. L’écriture passe du volume aux deux-dimensions, des contours contenant les couleurs aux taches et aux traits. On perd en épaisseur ce qu’on gagne en fulgurance, en savoir-faire ce qu’on gagne en vérité. La maîtrise fait place à la maladresse, qui paradoxalement touche juste, droit à l’essentiel : notre faiblesse.
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