J’aime la simplicité parce que je suis compliquée. Je ne peux penser sans arrière-pensées, dire sans contredire, voir sans revoir, désirer sans détruire… Distraite et incertaine, la simplicité me concentre et m’éclaircit. Je ne recule pas devant l’effort jouissif de la pensée qui se gravit et se surmonte. Mais c’est l’évidence qui m’enchante. Comme elle est mystérieuse. Le compliqué s’explique, se décompose et s’analyse. La simplicité se présente et l’expliquer reviendrait à l’obscurcir.
Rien de plus difficile que la simplicité. Parce que rien n’est simple. On critique la lisibilité, la facilité, la fluidité de la littérature à succès. Oui, oui, d’accord, je ne parle pas de cette fausse simplicité, de surface. Mais de l’autre, de celle qui résulte d’une résolution de toutes les contradictions en une formule magique :
« Je fis un feu, l’azur m’ayant abandonné,
Un feu pour être son ami,
Un feu pour m’introduire dans la nuit d’hiver
Un feu pour vivre mieux.
Je lui donnai ce que le jour m’avait donné :
Les forêts, les buissons, les champs de blé, les vignes,
Les nids et leurs oiseaux, les maisons et leurs clés,
Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes.
Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes,
Au seul parfum de leur chaleur ;
J’étais comme un bateau coulant dans l’eau fermée,
Comme un mort je n’avais qu’un unique élément. »
Ce ne sont plus des mots, c’est le monde que me donne Éluard et je ne savais même pas en avoir été privée.
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